Eric et le Jeu

Un début précoce

J'ai toujours joué. Pour ne pas remonter à l'origine des temps où je m'amusais avec mes playmobils, je commencerai par les jeux de société qui ont égayés mon enfance. Il y en avait beaucoup car son père était TRES joueur. Ca allait des petits chevaux aux échecs en passant par Risk, Monopoly, le jeu de l'énergie. Les cartes étaient aussi très présentes : la canasta, le tarot et le poker m'ont toujours accompagné.

Déjà, je trouvais une forte motivation pour apprendre le suédois pour pouvoir jouer aux jeux formidables qu'étaient Jägersro et Finans. Dans le premier, on était éleveur de chevaux et on participait à des courses effrénées. Rush, Rigel et Sweet Sue étaient mes chevaux favoris car ils gagnaient souvent. Finans était une sorte de Monopoly très amélioré. Je jouais beaucoup et ne trouvant que rarement des partenaires, je jouais seul. Cela a toujours beaucoup étonné que je puisse jouer contre moi-même mais j'avais vu mon père jouer tout seul à une variante géante des petits chevaux et cela m'avait marqué !

Jeux & Stratégies et wargames

Puis en 1981, si mes souvenirs sont bons, mon père et moi avons acheté le numéro 6 de Jeux & Stratégies. En encart, on pouvait trouver le jeu Heraklios qui fut le premier wargame auquel j'ai joué. Jusqu'à quatre armées du temps de la Grèce antique pouvaient s'affronter sur un champ de bataille très simple. J'y ai beaucoup joué, seul ou avec mon père et c'était un excellent wargame. A partir de ce moment-là, j'étais pris dans l'engrenage du jeu de simulation.

Nous nous sommes donc mis à acheter Jeux & Stratégies régulièrement, commandant les 5 numéros qui nous manquaient. Nous avons joué à une grande partie des jeux en encart que l'on pouvait y trouver. Puis, nous sommes allés dans des boutiques de jeux fraîchement ouvertes et avons commencé à regarder les belles boites américaines de wargame. Etant déjà presque blasés par Jeux & Stratégies, il nous fallait quelque chose de costaud.

Nous nous sommes finalement décidé pour le "wargame le plus compliqué" que nous puissions trouver à l'époque : Wooden Ships and Iron Men d'Avalon Hill. C'était un formidable wargame tactique qui permettait de représenter les batailles entre grands voiliers du 18ème siècle. Chaque navire avait sa feuille de caractéristiques et on notait ses ordres en secret pour les résoudre ensuite en simultané. C'était et c'est toujours un grand jeu. Bien sûr, un tour de la bataille de Trafalgar durait deux heures mais quand on est jeune, on ne compte pas ! Heureusement, une traduction des règles était disponible car je ne parlais pas encore anglais. Néanmoins, c'était un des premiers jeux avec les échecs auquel je ne pouvais pas jouer tout seul. J'étais donc condamné à trouver des partenaires.

Ensuite, j'ai eu quelques autres wargames un peu moins intéressants. Bonaparte simulait toutes les campagnes de Napoléon à l'échelle stratégique. Les Règles étaient très imparfaites mais le jeu se jouait bien en solitaire. Star Force de la légendaire société S.P.I. était assez moyen et surtout très compliqué.

Casus Belli

Dans un des premiers numéros de Jeux & Stratégies, ils firent un dossier sur un nouveau type de jeu bien bizarre venant des Etats-Unis, les jeux de rôle. Il y avait une description mémorable d'un morceau de partie de Dungeons And Dragons où des guerriers, clercs et autres magiciens se baladaient dans une auberge avant d'aller tuer quelques monstres. Au départ, cela paraissait bien mystérieux et bien compliqué. Il y avait plein de matériel bizarre : des dés de forme inhabituelle, des figurines en plomb, des livres entiers de règles, etc... Les rédacteurs de l'article semblaient eux-mêmes perturbés.

Dans le même temps, un nouveau magazine faisait son apparition : Casus Belli. Là aussi, nous avons pris le train en marche au numéro 6 mais nous avons bien sûr commandé les premiers numéros qui sont maintenant certainement des "collectors". C'était encore plus spécialisé que Jeux & Stratégies et cela parlait surtout de wargames au départ. Pourtant, les jeux de rôle étaient déjà là et les premiers scénarios apparurent.

"Dungeons and Dragons"

Ne pouvant échapper à ce nouveau type de jeu et prenant notre courage à deux mains, nous avons donc acheté "Dungeons and Dragons" Basic Set. Je crois que c'était la deuxième édition, donc vraiment très ancienne. Une traduction complètement nulle (en fait, cela ressemblait à la traduction d'une version précédente) nous obligea à nous jeter dans les livrets en anglais et ce fut bien difficile. C'était effectivement bien compliqué toute cette création de personnage, ces combats, ces niveaux, etc... Mais, cela semblait très excitant (au sens américain du terme...).

Ainsi en 1982, je fis ma première partie de jeux de rôle. Well... bon, ce fut tout du moins une tentative. La famille avait été mise dans la partie et les premiers joueurs furent moi, mon père, ma mère, mon oncle et ma tante. Après une création de personnages longue et approximative, nous nous sommes lancés à l'aventure dans un scénario de Casus Belli qui était un donjon très simple. Le combat avec les "striges" nous arrêta dans notre vaillant élan pour cause d'incompréhension des mystérieuses règles de combat. Néanmoins, il était clair que ce n'était pas la dernière fois que j'allais jouer...

Etant un peu rebuté par l'anglais (à l'époque, j'en étais seulement à ma première année de cours mais les jeux de rôle allaient fortement me motiver pour progresser rapidement), il fallut que les règles de base soient traduites pour que je puisse réellement entrer dans le vif du sujet. En attendant, je me cultivais un peu dans le médiéval fantastique en me lancant dans la lecture de Bilbo le Hobbit puis du Seigneur des Anneaux de notre bien aimé J.R.R. Tolkien. Je sus enfin ce qu'était un elfe et un hobbit et déjà à l'époque, mon esprit critique était aiguisé car je trouvais limite que Bilbo Baggins ait été renommé Bilbon Sacquet dans le Seigneur des Anneaux...

Ainsi, dès que la boîte de base de D&D fut traduite, j'étais prêt à me plonger dans l'univers médiéval-fantastique. Mon père, toujours prêt à me pousser dans la voie du jeu, me l'acheta. Là, je pus enfin entrer dans le jeu de rôle. Les règles avaient été sérieusement remaniées et elles étaient beaucoup plus jouables que celles de la première boîte en anglais que nous avions achetée. Certaines traductions faisaient un peu pitié : tinigens pour halflings (quoique c'était imaginatif) mais l'essentiel était bien rendu. Tout fier, je présentai le jeu à quelques-uns de mes amis de classe qui furent tout de suite emballés. C'était Stéphane Hubert, Laurent Fauvernier et Stéphane Henri.

Nous créâmes (ca fait classe le passé simple...) les premiers personnages. J'allais être le maître puisque j'étais LE possesseur du jeu et surtout, j'avais le fameux scénario avec les striges sous la main que j'allais enfin pouvoir réellement exploiter pleinement. En fait, la première partie avec ces nouveaux joueurs fut aussi assez laborieuse. Le scénario était un petit peu trop compliqué et je fus rapidement débordé par les péripéties du groupe.

To Be Continued...


Eric Värnild
eric@varnild.com

Mis à jour le samedi 23 août 2003 23:18